Guitry, miso et maso
« MON DIEU, que les femmes sont assommantes ! C'est même inouï de les adorer à ce point et de les trouver si assommantes.» Pour les femmes, le dé-bat reste ouvert, mais difficile de trouver ennuyeux Sacha Guitry. Avec Faisons un rêve, une de ses pièces de jeunesse à l'affiche de la Comédie Bastille, le dramaturge se joue une nouvelle fois d'un drame conjugal plutôt banal, l'adultère, pour le transformer en petit bijou de comédie où les bons mots succèdent aux rebondissements. La pièce s'ouvre dans un joli meublé où un mari et une femme attendent un jeune homme qui leur a donné rendez-vous. Ce dernier en retard, ils se font la promesse de ne jamais mettre en doute leur parole. Un pari difficile à tenir lorsque le mari filera vers d'autres charmes et que la femme succombera avec délice à une guet-apens amoureux, soigneusement échafaudé par son futur amant. Sacha Guitry n'en est encore qu'à son premier mariage (sur cinq) lorsqu'il fait dire ici à l'amant qu' « être marié, c'est terrible. Mieux vaut étran-gler un facteur, être archevêque, mais pas marié ! » Il raconte avec un cer-tain cynisme mais tellement de justesse les prémices des émois et les états d'âme de l'amant qui attend la femme, pérorant d'abord, satisfait de sa victoire imminente, puis impatient et vexé lorsque sa maîtresse n'arrive pas. « Pourvu qu' elle ne soit pas malade ! Elles ont toujours quelque chose, c'est vrai ça. On dirait qu' elles ont deux fois plus d'organes que nous ! » Jusqu'à quelques ultimes coups de théâtre et mensonges réjouissants au service d'une morale politiquement incorrecte : le cocu, c'est-à-dire le mari plein d'une confiance imbécile, reste berné, tandis que les amants peuvent continuer de rêver ! Valérie Beck 06/11/05
« MON DIEU, que les femmes sont assommantes ! C'est même inouï de les adorer à ce point et de les trouver si assommantes.» Pour les femmes, le dé-bat reste ouvert, mais difficile de trouver ennuyeux Sacha Guitry. Avec Faisons un rêve, une de ses pièces de jeunesse à l'affiche de la Comédie Bastille, le dramaturge se joue une nouvelle fois d'un drame conjugal plutôt banal, l'adultère, pour le transformer en petit bijou de comédie où les bons mots succèdent aux rebondissements. La pièce s'ouvre dans un joli meublé où un mari et une femme attendent un jeune homme qui leur a donné rendez-vous. Ce dernier en retard, ils se font la promesse de ne jamais mettre en doute leur parole. Un pari difficile à tenir lorsque le mari filera vers d'autres charmes et que la femme succombera avec délice à une guet-apens amoureux, soigneusement échafaudé par son futur amant. Sacha Guitry n'en est encore qu'à son premier mariage (sur cinq) lorsqu'il fait dire ici à l'amant qu' « être marié, c'est terrible. Mieux vaut étran-gler un facteur, être archevêque, mais pas marié ! » Il raconte avec un cer-tain cynisme mais tellement de justesse les prémices des émois et les états d'âme de l'amant qui attend la femme, pérorant d'abord, satisfait de sa victoire imminente, puis impatient et vexé lorsque sa maîtresse n'arrive pas. « Pourvu qu' elle ne soit pas malade ! Elles ont toujours quelque chose, c'est vrai ça. On dirait qu' elles ont deux fois plus d'organes que nous ! » Jusqu'à quelques ultimes coups de théâtre et mensonges réjouissants au service d'une morale politiquement incorrecte : le cocu, c'est-à-dire le mari plein d'une confiance imbécile, reste berné, tandis que les amants peuvent continuer de rêver ! Valérie Beck 06/11/05