FROGGY'S DELIGHT : Mission Florimont


MISSION FLORIMONT
Théâtre Tristan Bernard (Paris)
Comédie de Sacha Danino et Sebastien Azzopardi, mise en scène de Sebastien Azzopardi, avec Sebastien Castro, Julie Victor, Guillaume Bouchede, Erwan Greignou et Olivier Soliveres.

Sacha Danino et Sébastien Azzopardi doivent être des auteurs heureux et des hommes qui ne s'ennuient pas dans la vie. En tout état de cause, ils ne manquent ni d'humour, ni d'inspiration, ni de talent comique dans le registre de la parodie et du non-sens.

Après "Le tour du monde en 80 jours", adaptation délirante et loufoque du roman éponyme de Jules Verne, qui tient l'affiche depuis trois saisons, et qui fait encore les beaux soirs du Café de la Gare, ils ont repris la plume à quatre mains pour concocter une comédie "chevaleresque" qui décoiffe.

Futés, ils ont sans doute procédé à l'analyse du succès rencontré par leur premier opus commun dont ils transposé les grandes lignes pour concocter cette désopilante "Mission Florimont" élaborée à partir du fait historique qu'est l'alliance de François 1er et Soliman le Magnifique.

A savoir : une aventure poursuite abracadabrante avec une foultitude de personnages tous plus extravagants les uns que les autres, dont des figures réelles ou archétypales férocement caricaturées, le registre parodique hérité des Monthy Python qui use sans modération des incongruités et des anachronismes, des répliques irrésistibles qui fusent à vitesse supersonique, et une distribution réduite composée d'une solide équipe de comédiens capables de tout.

La recette et les ingrédients c'est bien. Mais parfois cela ne suffit pas s'il n'y a pas la touche du chef. En l'occurrence, la Danino-Azzopardi touch a encore frappé et le divertissement est assuré.

L'intrigue est simple : un looser de banlieue, le chevalier Florimont de la Courneuve, chargé par le roi d'apporter au sultan turc le traité qui fera la nique à Charles Quint voit sa mission compromise à chaque étape de son voyage par des individus sans scrupules qui n'ont de cesse de l'occire. Une toile peinte naïve inspirée des tapisseries médiévales et quelques costumes font le reste.

Dans une mise en scène déchaînée, à son image de trublion vibrionnant, Sébastien Azzopardi imprime un rythme effréné à un quintet de comédiens bien rôdés qui brûlent les planches au rayon des comédies débridées et qui trouvent ici une nouvelle occasion de se lâcher et de partir en vrille avec une jubilation communicative.

Sébastien Castro, scansion flegmatique à la Stéphane Guillon, est l'anti-héros burlesque qui a vite fait de s'amouracher d'une virulente espionne interprétée par Julie Victor, seul élément féminin de cette odyssée farfelue, jolie brin de fille et de comédienne qui a de la voix dans tous les sens du terme, ne manque pas d'abattage et ne s'en laisse pas conter.

Guillaume Bouchède, Olivier Soliverès et Erwan Creignou forment le trio multirôles de fous furieux qui, au fur et à mesure que le spectacle s'accélère pour finir en accéléré échevelé, change de personnages à vue avec une dextérité et un brio mémorables.
Ce "road-théâtre" truffé de clins d'œil s'avère donc une réussite qui ne décevra pas ceux qui ont aimé "Le tour du monde en 80 jours" et qui fera sans doute de nouveaux adeptes.
MM - juin 2009

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